l'infertilité PMA, suivi psychologique, somatothérapique et sexologique
L'infertilité :
L'approche psychologique, analytique, comportementale et sexologique de l'infertilité
Rappelons au préalable la définition clinique de l'infertilité : incapacité d'un couple à procréer ou à mener une grossesse à terme au bout d'une année ou plus de rapports sexuels réguliers non protégés.
Afin d'aider au mieux les femmes et les hommes confrontés à l'infertilité, je me suis investi depuis plus de trente ans dans cet engagement professionnel :
- ainsi en complément de mes qualifications de psychologue et de sexologue clinicien,
- je me suis formé à l'approche psychologique et psychanalytique de l'infertilité, notamment au sein de l'Unité d'enseignement et de recherche en sciences humaines cliniques de l'université Paris 7,
- et j'ai developpé ma formation à l'accompagnement et au soutien à la procréation médicalement assistée (PMA) en me qualifiant dans plusieurs disciplines complémentaires qui se sont révélées nécessaires au cours de ma pratique (psychologie comportementale, somatothérapies, sexothérapies *).
Le problème de l'infertilité est douloureux. Les personnes concernées ressentent souvent une grande souffrance, parfois même une forme de désespoir d'autant que pour nombre d'entre elles, aucune explication médicale n'est trouvée.
Ces femmes, ces hommes, représentent en France une population importante.
En effet, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) :
- en 2011 :
- 15 à 20 % des couples ont été concernés par un problème d'infertilité,
- parmi eux 17 % n'obtenurent pas d’explication médicale.
- en 2019 :
- environ 13 % des couples consultèrent pour des difficultés à concevoir un enfant,
- pour 25 % d'entre eux, elles restèrent médicalement inexpliquées.
Se poser les bonnes questions
Soutenant ou prenant le relais du traitement médical, l'approche psychologique et analytique de l'infertilité constitue une ouverture et une aide notable qui se présentent aux couples dans le suivi du parcours de la procréation médicalement assistée PMA (ou AMP : assistance médicale à la procréation).
Il s'agit, pour ce qui me concerne, d'offrir hors du cadre médical et de sa technicité nécessaire - mais souvent difficile à vivre - les conditions utiles afin que dans un premier temps chacune, chacun, puisse « se poser », s’exprimer librement, sans pression (de la famille ou autres), sans entrave, sans jugement, et répondre à des questions telles que celles-ci :
- quand mon, et notre, désir d’enfant s'est manifesté ?
- comment ce désir se vit-il dans notre contexte familial, social, économique ?
- face à cette infertilité, que se joue-t-il en moi et dans notre couple ?
- à quoi cette situation peut correspondre par rapport à ma propre histoire, individuelle, de couple, familiale ?
- et bien d'autres questionnements encore.
Ainsi faire le point, verbaliser et dialoguer, exprimer ses réels désirs, son stress, ses angoisses, libérer ses émotions, réfléchir, se placer dans une dynamique positive, tout ceci joue un rôle essentiel, en parallèle ou non, avec une éventuelle démarche médicale engagée.
L'approche psychosomatique
L'approche psychosomatique a bénéficié des progrès réalisés ces dernières décennies en neurologie, en endocrinologie, en psychologie **.
Ils ont confirmé que les états psychologiques influencent les fonctionnements physiologiques.
Ainsi, par exemple, beaucoup de femmes savent qu'en situation de stress leur cycle menstruel peut être perturbé, qu'elles peuvent souffrir de mycoses ou de cystites et, plus préoccupant, une étude menée en 2017 par le Département de psychologie de la City University of London confirmait un risque d'augmentation (jusqu'à 42 %) de fausses couches.
Chez l'homme, sous l'effet du stress, la quantité, la qualité du sperme, notamment la mobilité des spermatozoïdes, peuvent s'amoindrir et sortir des valeurs de référence.
Et paradoxalement, la démarche médicale en PMA peut être, ou peut devenir, un facteur de stress supplémentaire. C'est « un parcours du combattant » entend-on souvent.
En effet, l'annonce de l'infertilité, l'établissement du diagnostic puis, au cours du traitement médical, les interventions et les nombreux examens, l'angoisse de l'attente des résultats, le sentiment d'atteinte à l’intimité, à la sexualité du couple, l'impression d'injustice, de découragement, d’inutilité, d'échec, de culpabilité, l'envie de fuir ou d'abandonner, et aussi les tensions qui parfois finissent par déstabiliser des couples, constituent des situations psychologiques difficiles à vivre.
Ceci malgré l'investissement, l'énergie, la détermination déployés dans le traitement par le couple, et la technicité et le bienveillant soutien apportés par l’équipe médicale en PMA.
L'expérience acquise montre que le fait :
- de prendre conscience de l'importance et de l'origine de ces états, de ces difficultés, de pouvoir exprimer ses émotions, de reprendre confiance en soi,
- de lâcher ses tensions psychiques et corporelles au moyen de méthodes psycho-somatothérapiques,
conduit le plus souvent à des progrès significatifs, que les causes de l'infertilité aient été déterminées ou qu'elles soient inexpliquées.
Le stress et la difficulté à concevoir
Une étude américaine publiée en 2013 par l'équipe du Docteur Courtney Dennig-Johnson Lynch de l'Ohio State University démontre le lien entre le stress et les difficultés à concevoir.
Ces chercheurs établissent que les femmes stressées sont moins susceptibles que les autres d'être enceinte dans l'année, les tensions émotionnelles et mentales pouvant être cause d'infertilité féminine.
Ainsi 501 femmes, entre 18 et 40 ans, sans problèmes de stérilité connus, ont été suivies au minimum pendant un an jusqu'à ce qu'elles soient enceintes.
Les femmes présentant les plus haut taux d'alpha-amylase (biomarqueur du stress) ont montré 29 % de probabilité en moins de concevoir un enfant, ceci se traduisant par un doublement du risque d'infertilité.
Selon les chercheurs, ces résultats peuvent en partie expliquer pourquoi les femmes, qui ont lutté pour être enceinte, parviennent à concevoir après qu'elles se soient débarrassées :
- de l'angoisse d'essayer d'avoir un enfant,
- de la peur de l'échec.
Cette étude permet d'expliquer aussi pourquoi des femmes ayant adopté un enfant à la suite d'un traitement infructueux - retrouvant par cette adoption une certaine sérénité - se découvrent soudainement et tout naturellement enceintes.
Ainsi, même dans les situations où le stress n'est pas le seul ou le plus prédominant facteur, on comprend l'importance de sa réduction grâce notamment à la pratique de méthodes de psychologie, de relaxation, de techniques psychosomatiques et de somatothérapie.
Tout ce qui précède ouvre maintenant l'étude de la relation "infertilité/sexologie" (voir ci-après le paragraphe du présent article nommé : "Le lien entre infertilité et sexologie" ).
Psychothérapie
Famille, sexualité, infertilité PMA
- Soutien et thérapie conjugale et familiale
- Pour mon enfant, mon adolescent(e)
- Sexologie, sexothérapie somatothérapie
- Infertilité : approche analytique, PMA : suivi psychologique
Troubles et maladies psychosomatiques
Le lien entre infertilité et sexologie
Les dysfonctions féminines ou masculines de la sexualité peuvent jouer un rôle important dans les troubles de la fertilité.
Et les contraintes du traitement en PMA sont souvent la cause de problèmes sexuels qui jusqu'alors n'existaient pas dans le couple, notamment parce que la relation sexuelle - devenant à but procréatif et mécanique - perd sa dimension érotique et passionnelle.
On pourrait parler de "sexualité en laboratoire" ou de "sexualité programmée", situations propices à supprimer tout désir et plaisir, toute spontanéité et satisfaction affective, émotionnelle et sexuelle.
Des troubles sexuels divers apparaissent alors ou se renforcent :
- chez l'homme : dysfonctions érectiles (ne permettant pas une pénétration suffisante) ou de l'éjaculation (absente, ou au contraire très précoce avant même la pénétration), trop forte sensibilité, douleurs...,
- chez la femme : absence de lubrification vaginale, douleurs à la pénétration, vaginisme, sensation de "neutralité", de refus ou de fermeture...
C'est ainsi qu'il est nécessaire de prendre en compte et d'intégrer à la réalité biologique la situation psycho-affective et sexuelle du couple. Ceci a très souvent un effet libératoire pour beaucoup de couples, particulièrement pour de nombreuses femmes qui n'osent pas aborder ce sujet délicat et sensible directement avec leur compagnon. Elles ont souvent la crainte de blesser celui-ci et de risquer d'agraver le malaise, les malentendus, le sentiment d'échec qui minent jours et nuits leur relation.
Cependant, il faut noter cette incontournable évidence : conformément aux lois de la nature, tout est organisé psychologiquement et physiologiquement pour que la reproduction entre une femme et un homme aboutisse facilement et simplement.
Si ce n'était le cas, l'humanité aurait disparu depuis longtemps, et cette certitude est profondément rassurante et encourageante pour les femmes et les hommes qui doutent de leur fertilité.
Ainsi, les organes sexuels masculins et féminins sont conformés, organisés, coordonnés, dynamisés, afin de permettre le transport rapide du sperme vers le "vagin, le col utérin et la trompe de Fallope homolatérale au follicule dominant, c'est-à-dire du côté préférentiel favorisant la fertilisation", ainsi que développé dans l'étude publiée en 2013 par l'Association française d'urologie.
Dans ce remarquable processus, on constate que :
- si l'orgasme masculin est évidemment indispensable à l'éjaculation du sperme,
- l'orgasme féminin (clitoridien et vaginal) tient, pour sa part, une fonction très importante car, en effet, il provoque une rapide et massive migration du sperme.
L'orgasme féminin fait donc fonction de relais, d'accélérateur, de facilitateur propice à la fécondation grâce aux contractions pelvi-périnéales incluant les sphincters urétral et anal, et à la mobilisation du vagin et de l'utérus.
Parmi de nombreuses recherches mettant en évidence le rôle actif féminin, celles du Docteur Robert King (University College Cork d'Irlande) démontrent que l'orgasme féminin augmente de 15 % les chances d'être enceinte.
Pour sa part la Docteure Hana Visnova (médecin spécialiste du Centre de Reproduction Assistée de Prague) note qu'il y a de plus en plus de preuves d'un lien entre "l'orgasme féminin et les taux de grossesse".
Elle insiste en outre sur le fait que l'orgasme permet de diminuer le stress reconnu comme facteur d'infertilité. En effet "sous l'effet du stress, le mental et le corps passent en mode "combat ou fuite" et, lorsque ce système de protection naturelle est trop sollicité, il y a un risque de déréglement des sécrétions hormonales dont celles de la reproduction".
Ainsi les femmes dans des situations d'absence ou de faiblesse d'orgasme (ce qui ne facilite pas leurs désirs sexuels, les mette mal à l'aise face à l'apparente "facilité orgasmique masculine" de leur compagnon, leur donne souvent une image négative d'elles-mêmes et les mène au découragement) ont l'opportunité - en cours ou non de traitement en PMA - d'accompagner favorablement leur démarche en suivant une sexothérapie appropriée, individuelle ou en couple.
Pour conclure
La moyenne nationale de réussite des Centres de fécondation in vitro publiée par l'Agence de biomédecine en 2018 (100 centres évalués) prend en compte les données de l'année 2015. Cette moyenne se situe à 20,5 %. Mais les variations sont importantes selon l'âge des femmes ( - de 30 ans à + de 40 ans).
Cependant ce qui est évoqué dans les paragraphes ci-dessus ouvre des voies encore insuffisamment empruntées (approches psychologiques, analytiques, comportementales, somatothérapiques, sexologiques...).
Le praticien proposant ce type de suivi doit avoir une formation étendue et de haut niveau dans ces différentes disciplines complémentaires. Ceci afin d'établir une cohérence et ne pas disperser les démarches nécessaires à la réussite du parcours des personnes qui consultent ou suivent un traitement en PMA.
_____________________
** Voir aussi dans le menu ci-dessus en haut à droite mon article "Troubles et maladies psychosomatiques".
* Psycho et Somatothérapeute titularisé par l'Association internationale de somatothérapie. Certifié en sexologie clinique par la Société française de sexologie clinique. Sexologue clinicien et Sexothérapeute titularisé par le Syndicat national des sexologues-sexothérapeutes.